MICHEL DUGUÉ |
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Le Réalgar, 2018 |
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Editions Folle Avoine, 2014 |
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La géographie de la Bretagne est un genre littéraire à part entière. Plusieurs écrivains y sacrifient le meilleur d'eux mêmes ( je songe à Marc Le Gros, Jacques Josse, etc...) La poésie de Michel Dugué s'y consacre également en grande partie. Elle est d'abord en effet une attention soutenue au paysage (….) C'est une nature à la fois discrète et rude qui est décrite, loin de tout pittoresque et de toute sentimentalité. Poésie économe, tant par les moyens qu'elle met en œuvre que dans les effets qu'elle vise, elle opère moins un enchantement qu'une décantation. On peut peut penser aux scrupules et à la modestie d'un Jaccottet avec une même méfiance envers les tourbillons de la langue lorsqu'elle s'arrête à ses images ( …) Mélancolique cette poésie l'est par ce qu'elle voudrait justement autre chose que le mélancolie : une saisie du monde qui serait « assentiment au dehors » au simple et franche participation à ce qui est (….) Laurent Albarracin ( site « A la littérature » ) |
On pénètre toujours à pas feutrés dans l’œuvre de Michel Dugué. Rien d’abstrait, pourtant, dans son écriture. « L'air invisible a sa part de mystére ou d'hésitation », note le poète. Il y a dans ses textes des recoins, des chemins buissonniers, des embardées et des moments pour reprendre souffle. (…) Il y a , au-dessus, de sa tête, « un ciel de cirrus ». Il y a ,bien sûr, la pluie dans « ce ciel comblé de gris » (…) Le titre énigmatique s'inspire d'une phrase de Pierre Reverdy : « Tous les fils dénoués au-delà des saisons reprennent leur tour et leur ton sur le fond sombre du silence » Saisons. Oui. Fond sombre. Oui, aussi, de bout en bout, un livre où l'on découvre un auteur en quête de sérénité dans une fréquentation assidue de la nature.(...) Dans le beau texte intitulé Nocturnes, qui clôt le livre, il y a des « yeux déshabités » et « le règne du désordre ». Evocation à demi-mot – douloureuse – d'une fin de vie de quelqu'un cher à l'auteur « marchant dans l'ombre / qui s'engrange ». Poignant. Pierre Tanguy ( site « Recours au poème »,repris in Place Publique n°113 ) |
(...) S'il est un écrivain rare, il n'est pas parcimonieux. Chacun de ses textes, chacun de ses recueils sont les récompenses d'un travail constant opéré sur la langue, sur lui-même, sur le monde qui l'entoure et qui le pénètre. (….) L’œil précis construit un art personnel qui peut réunir dans le même segment des mouvements d'une approche vaste et lumineuse ou des méditations posées sur un décor ou sur un objet, avec attention, avec application, avec implication. Certes on retrouve avec plaisir des thèmes qui lui sont chers comme l'océan, la terre et les rocs, la vivacité de la lumière quand elle se tend dans l'éphémère et la souveraineté. Mais plus encore ici, comme chez les plus grands, c'est la pratique même de la poésie qui trace ses fonctions premières : elle sont de saisir « quelque chose d' inattendu que l'habitude nous dissimule », d'explorer « un espace que le cadastre a oublié », de révéler la parole de ceux qui en sont privés ou qui en sont tenus à l'écart sous l'effet de la maladie (…). Cette souffrance il l'écrit avec une magistrale douleur dans l'ultime poème « Nocturnes » : « Les jours s'écourteront, viendront les rides / et s'épaissira le salpêtre du mur ». Hervé Carn ( Les Amis de L'Ardenne, n° 47 ) |
(…) Fuir « l'encombrement général » et les « discours frelatés », retrouver patience et lenteur, attente et ferveur, éveil de tous les sens. « Redoubler d'effort », s'ouvrir au monde, à son mutisme, à son étrangeté, à « l'énigme de l'air » dirait Jacques Ancet. Accueillir en soi le songe « ce mouvement de rapatriement vers un rêve, une légende improbable dont nous avons depuis longtemps désappris les mots ». Il faut parfois « rameuter les mots », les rassembler « en pont jeté sur le vide » (…) Sans cesse interroger le monde et l'écriture, « l'indécision des images », le défaut de la langue . Alors, peut-être, une sorte de consentement pacifié, un allégement, « Tous les fils dénoués » qui s'approche parfois de la « joie ». Lieu aussi du passage, de la fragilité humaine (…) Précarité qui nous mène aux « Nocturnes » adressés à celle qui s'absente les « yeux déshabités », final saisissant qui réverbère sur le livre l'ombre de l'inéluctable. Jacqueline Saint-Jean ( revue-texture.fr – pages critiques ) |
(…) L'humilité, la discrétion sont des marques toujours perceptibles de la poésie de Michel Dugué : l'intimité du poète, ses états d'être personnels sont comme absents des poèmes . Il s'agit moins pour lui de se dire que de dire le monde dont son intériorité se nourrit et de faire ainsi, indirectement , le portrait d'une sensibilité vibrante qui ne se dévoilerait que par sa façon de réagir à ce qui l'entoure et la touche. Cette poésie est à l'opposé de celles qui se complaisent dans l'expansion narcissique. Elle préfère l'interrogation du visible en le dessinant avec minutie et en le creusant par le pouvoir subtil des mots (….) Il y a beaucoup de force dans sa discrétion et plus encore, peut-être, quand celle-ci devient pudeur dans la dernière partie du livre où il évoque l'éloignement d'un être cher : « Ce que tu fus / le vent pourrait en témoigner / quand il rameute sous la soupente / les bruits de notre maison // Aujourd’hui vide de toi » J.-F. M. ( Friches, n°119 ) |
La Porte, 2009 |
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Editions Folle Avoine, 2005 |
Les pluies, les couleurs glissent sur l’horizon. Entre terre et mer , il y a l’espace de tous les mouvements , de toutes les disparitions insensibles . Le poète sait retenir « la lumière sourde que la brume renferme » Elle semble éclairer doucement de l’intérieur chaque poème (…..) Gérard Bochelier
(…) Il est de ces poètes , lui, que ce il confine justement à une discrétion émue dont pourtant on ne peut oublier l’œuvre tant elle fait sûrement chemin . Or ce il-là a bien un nom puisqu’il s’agit de Michel Dugué pour son dernier recueil de poésie intitulé Les Alentours , déposant, de livres en livres , ses jalons qui s’aperçoivent dans le lointain et sous ce rapport titré . Alentours qui éclairent le lieu , mieux que le lieu lui-même ne sût le faire (…) patinés par l’insistance d’un regard qui se pose sur une nature . L’outil quant à lui « c’est de l’encre qui transparaît / une encre pas encore séchée mais liquide » (….) Simple comme « une attention de bleu » Simple comme ces choses qui semblent si vraies parce que dites , senties, perçues , formant une poésie de simple constat ( mais généreuse) sans prolifération d’objets ni de mots , offerte par un langage qui l’est tout autant à circonscrire magnifiquement l’émotion sans jamais qu’elle déborde . « On mesure….quelques oiseaux qui allaient boire….On mesure la présence sans détour du paysage » (….) Où comme toujours se chevauchent les nuances , pour relayer la beauté de sa fragilité, son impermanence sous les coups de pinceau de cet impressionniste qu’est bien Michel Dugué , peignant les moments fugaces , les espaces mouvants , les échos familiers de cette nature dont nous sommes tous issus , sans exception ; dont l’intime concrétion sous sa palette lui donne de transmuer le matériau le plus simple en perle poétique d’un rare éclat . Moment parfait. « Instant de plénitude soudain » Mazrim Ohrti |
Editions Apogée, 2004 |
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Editions Apogée, 2002 |
(…) La poésie du texte l’emporte sur l’intrigue, le titre proposé mérite quelques explications : le chemin pose un ailleurs dans une certaine logique, fait effet de sens dans la longueur propre du récit, sans doute une relation dynamique relie-t-elle souterrainement les personnages entre eux, leur secret jamais avoué, les figures mystérieuses tellement probantes qui se réfère à l’aveugle (…) cet aveuglement s’adresse autant aux personnages qu’aux lecteurs, justifiant ainsi cette promenade qui nous est proposée ici ; un géo-poète passionné dont les ferveurs s’opposent au principe de réalité quand celui-ci est bien un principe d’oubli, une opacification de la mémoire, l’épreuve compose un réel de substitution ; ce jeu cruel se poursuit jusqu’au dénouement qui n’est pas encore une cassure, avec son lot de promesses, et non moins brûlante que la condition humaine. C’est être en face de cette tentative très imparfaite de rêver sa mort, d’en porter toutes les marques symboliques, même si nous ne devons jamais oublier l’intrigue, et d’éprouver une véritable affection, d’en inverser l’état, demandant l’adhésion totale au mystère, à cet éveil de ne pouvoir vivre autrement que dans ce dilemme : « ni avec toi ni sans toi » Alain Duveau C’est le miracle permanent d’une écriture de bout à bout dominée dont la fonction première semble être de vous perdre, et l’auteur avec vous. On a donc en fin de compte affaire à une entreprise « poétique » au sens le plus noble de ce mot galvaudé (…) Michel Dugué est avant tout un poète rare et terriblement exigeant ( …) La Marseillaise |
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Editions Dana, 2000 |
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(....) le poète arrache au lieu une vérité qui n'est plus d'apparence . Il trace des courbes de niveaux qui ne doivent rien -- ou si peu -- au relevé des cartes . La géographie intérieure supplante la géographie physique . Ainsi le titre lui-même nous oriente-t-il de l'élémentaire à l'évanescent , de ce qui n'a pas de forme à ce qui n'en a plus pour en changer en permanence (....) L'acuité de la perception détermine celle de la description , exécutée non sur le mode réaliste , mais avec un profondeur, une subtilité telle que le réel y gagne en évidence (...) Cela ne va pas sans rigueur, sans exactitude. L'attention doit sans cesse éviter les complaisances, déjouer les pièges. J-M.T
(....) La presqu'île de Michel Dugué , frontalière des lieux gracquiens , incarne un avant-pays mystérieux, toujours effleuré , où tout est à son début , où rien ( histoire, langue ) n'est à stopper, à dénouer ou à trancher . C'est un pays tissé et relié par des voies précieuses ou l'homme a raison de laisser de temps en temps une toile d'araignée recouvrir la tranchante lame des faux. J-L Aven
(...) Rien du lieu élu n'échappe aux cinq sens du poète, rien non plus à sa " conscience historique " qui mesure la nostalgie des hommes, comme celle de ces trois retraités , obligés de se partager une bouteille de vin sous un abribus , parce qu'on a fermé le bistrot du bourg. J-F.M |
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Editions Folle Avoine, 1999 |
Lentement , mais sûrement, la simple énonciation devient vertige . Qu'il se parle à lui-même ou à un interlocuteur invisible -- ce qui est à peu près la même chose -- Dugué fore le silence avec une patience de marée (......) J.L. Michel Dugué reste sans doute l'un des poètes les plus discrets de l'époque . Sa parole est toute de retenue . On y décèle une attention particulière au paysage , à sa lumière, à ses bruissements. Dix ans après Le salut à l'hôte (...) On retrouve d'emblée , et avec émotion, la présence sensible de celui qui entre dans le livre en s'excusant presque de ne pas avoir pu garder le silence encore plus longtemps (...) Jacques Josse On peut s'assurer de la qualité d'un poème en observant la ligne, à la fois mélodique et de sens , qu'il dessine . Celle que suit Michel Dugué est visible, claire (...) Le vers est bref, économe, jamais démonstratif (...) P.K. |
Editions Wigwam, 1993 |
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Editions Folle Avoine, 1989 |
L' hôte , Personne, Celui qui jamais ne vient, le Visiteur , le Silencieux..., sans aucun doute je trouve ces fondateurs qui depuis Héraclite jusqu'à Munier continuent à m'interpeller. Et j'y glisse le nom de Dugué . Proche de ceux-là et de moi-même , proche de ce Rien, de ce Seuil , de ce qui se fonde tout en s'effaçant, Dugué s'achemine "jusqu'à la cité du jour". Il s'achemine avec ceux-là et avec lui-même ; il creuse , creuse et creuse toujours "pour trouver si peu" (...) Gaspard Hons (...) hantées par une parole collective qui s'est absentée, les poèmes de Michel Dugué frappent avant tout par une mesure tellement juste qu'ils retentissent en nous -- à la manière d'une corne de brume à peine entendue dont on s'éprend à jamais -- sans perdre en rien de leur mouvement. Hervé Carn |
Editions Ubacs, 1985 |
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(…) Réel et imaginaire, roman et poème s’échangent à l’infini et jouent de leur connivence au gré de la lente déambulation de Loeiz, vagabond fratricide, Caïn drapé de brume et de guirlandes d’oiseaux, veilleur de rivages et trouble-fête, bouc-émissaire sur lequel se concentrent toutes les angoisses et les superstitions de communautés maritimes que Dugué nous rend avec une rigueur de conteur et un génie d’entomologiste. (….) Son Hiver de Bretagne régalera les amateurs de littérature. Tout au bout de l’imaginaire même quand il défie la plaie originelle de l’être et de la fatalité, Dugué n’étreint jamais qu’une maîtresse : la réalité vivace et drue, la matière déchaînée et rapeuse. L’inspiration d’une terre attise en lui le vertige du monde et de la destinée. Il dépasse alors le domaine circonscrit de l’Ouest et son Hiver prend les dimensions d’un requiem cosmique. Philippe Le Guillou |
Michel Dugué nous offre un voyage qui n’a rien de touristique dans une Bretagne vibrant de désirs multiples, le passé et le présent, l’irréel s’y confondent ou plutôt échangent leurs signes selon des lois qui nous échappent. L’Ardennais |
D’abord un peu de pédanterie grammaticale. Ou du bon usage des prépositions. Il y a une douzaine d’années les courageuses éditions Ubacs firent paraître un livre sublime de Michel Dugué : « Un hiver de Bretagne ». A peine un roman. Une méditation profonde et mise en scène pour donner le change (…) Je n’étais pas alors en charge de cette chronique et ne pus rendre compte de mon éblouissement (…) Jacques Lovichi |
Editions Folle Avoine, 1984 |
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Editions Folle Avoine, 1983 |
"Rien d'autre qu'une accointance avec le silence, une garde sans objet, une inquiétude un peu vaine." Michel Dugué. Les Silences du Site. Une escorte très nue Le portrait de Michel Dugué par Jacques Josse sur le site de Jean-Claude Leroy |
(…..), poète celui là, qui sur la rive tout autant que sur l’île, recueille non le gloria déclamatoire et insistant mais la nudité unique de sa voix sans ombre ni ombrage : de sa voix si simplement, si vivement humaine. Vagabondages n° 54 (…..) parce qu’elle l’ose, parce qu’elle parvient à nous faire sentir le monde comme incomparable, la poésie de Michel Dugué dans son intense simplicité, nous entretient de ces présences invérifiables que sont certains mots et certaines choses échangés lors d’improbables pérégrinations, et qui rayonnent, et nous font vivre. Jean-Marie Le Sidaner (….) Un livre admirable qui nous balance, tout naturellement, d’un lieu entre les choses rassembleur et secret au lieu entre les mots, non moins bâtisseur et discret. André Doms |
Peintures de Philippe Le Gall |